Pourquoi doit-on s’armer de patience ?
La patience est une vertu dont on ne parle pas très souvent.
En effet, organisation, bienveillance et curiosité sont souvent les qualités dont on entend parler au quotidien.
Au contraire, rarement, vous verrez un livre de développement personnel aborder le sujet de la patience.
Pourtant, cette qualité semble si importante que l’on en vient à en appeler aux armes pour en faire usage, comme si la patience nécessitait une organisation militaire pour l’utiliser, pour arriver à la dompter.
Je pense pour ma part que la patience à mauvaise presse.
La patience est quelque chose que nous subissons plutôt que dominer.
Je m’arme de patience pour combattre un sentiment contraire, une contrainte… L’ennui quand la patience m’oblige à attendre dans la salle d’attente du docteur sans rien avoir à faire.
La paresse quand il faut que je réalise ce fameux dossier que mon boss m’a demandé alors que je n’en vois pas l’utilité.
Le doute quand je cogite trop le soir dans mon lit à cause de cette réflexion que l’on m’a faite dans la journée.
Bref, la patience est pénible, douloureuse, âpre et contraignante.
Je le concède, je n’ai moi même aucune patience.
Je m’ennuie, m’énerve, m’excède dès que l’on sollicite ma patience.
Comme tout le monde, je la vois comme une tare plutôt qu’un avantage, comme une contrainte plutôt qu’une opportunité.
Alors, j’ai décidé de changer.
Enfin, j’ai choisi d’appliquer les principes que j’expliquais déjà dans mon article “Déclarer sa flemme”, je veux donner une chance à ma patience, lui fournir des armes.
La mitraillette du vide.
Je vais donner au vide une sensation de plénitude, m’accorder de ne rien faire, accepter parfois de devoir attendre, ici, sans rien attendre d’autres que de profiter de l’instant présent sans le subir.
Le fouet de l’expérience.
Je vais donner à ma patience la possibilité de m'enivrer de son expérience, lui laisser le temps de me matraquer de ses redondances, de me faire répéter ses choses qui peuvent paraître pénibles et difficiles à court terme mais qui porteront leurs prodigieux fruits à long terme.
Le canon spatio-temporel.
Je vais laisser ma patience prendre mon temps, et même plus, m’accorder des temps de patience. Apprendre à attendre, à retarder mes plaisirs, à accepter de ne pas pouvoir jouir systématiquement de la décharge instantanée de dopamine tout de suite pour la distiller précautionneusement par perfusion plus tard.
Le pistolet du recul.
Enfin, je profiterai de l’expérience de ma patience pour systématiquement faire mouche au meilleur moment. A l’instar du biathlète qui retient sa respiration pour tirer au bon moment, ma patience m’accordera le droit de shooter dans le mille à l’instant idéal, d’utiliser mes cartouches à bon escient, en évitant le regret de l’instantanéité.
Finalement, qu’il est difficile de définir la patience, c’est certainement pour cela qu’on ne travaille pas forcément ce trait de notre caractère.
Puisqu’elle est tantôt un accélérateur ou tantôt un inhibiteur, la patience joue un rôle abstrait dans la mécanique de nos émotions.
Rencontrer sa patience, lui donner tes armes, c’est t’accorder le temps de vivre à ton rythme, de savoir jouer avec ton horloge, d’être le maître de ton temps.
Aux Armes !
“Moi mon objectif global dans la vie, c’est rien faire. Mon plaisir total de la vie, c’est le vide. Mon moment préféré c’est d’être allongé sur le canapé, la télé éteinte, il ne se passe rien, c’est le silence, et je ne fais rien, je trouve une paix exceptionnelle, je laisse mes idées défilées” Roman Frayssinet.
Dans le podcast Canapé six places de Lena Situation, à écouter absolument !