Saison 2 • Episode 15
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Je suis actuellement en train de vous écrire au milieu d’un vol entre Lyon et Tunis.
Je meurs d’anxiété.
Certainement, si vous lisez ces lignes, c’est que l’avion ne s’est pas écrasé et que vous vous moquerez certainement un peu (beaucoup) de moi.
Je n’aime pas l’avion.
C’est catégorique.
J’ai beau faire un travail psychologique de dingue pour essayer d’y remédier, je crois que je ne m’y ferai jamais.
Très souvent, nous disons des phobies qu’elles sont « comme ça » et qu’on ne peut rien y faire parce que de toute évidence je ne me sentirai jamais à l’aise dans un avion.
Simplement, j’ai essayé de comprendre pourquoi nous avons des peurs et surtout pourquoi, elles ne me semblent finalement pas si inexplicables que ça.
Je suis ce que l’on appelle une personne anxieuse.
Rassurez-vous ce n’est pas une maladie.
Je suis juste plus « craintif » que la moyenne, c’est à dire que je ressens plus facilement les émotions et les « dangers » de nombreuses situations.
Bien évidemment, je ressens parfois, comme c’est le cas a l’instant même, de la peur de manière irrationnelle.
Je m’interroge simplement sur la fine frontière qui sépare le rationnel de l’irrationnel.
Mon esprit scientifique me rappelle alors l’équation de Schrödinger. Je suis dans l’avion et actuellement comme le chat, je n’ai pas d’issue, j’ai donc une chance sur deux d’être vivant et surtout, une chance sur deux d’être mort !
Oups, je commence à comprendre pourquoi j’ai peur.
Nous avons tous un degré de sensibilité diffèrent et, bizarrement, il n’y a ni norme, ni bon, ni mauvais score.
Chacun fera sa traversée avec son niveau de sensibilité, vivra plus ou moins tranquillement les heures du vol.
Moi, je suis un hypersensible.
Je vous épargnerai les parallèles aléatoires entre hypersensible, HPI ou autre zèbre parce que je n’y crois pas.
Au contraire, mon hypersensibilité est plutôt aujourd’hui un handicap puisqu’il m’empeche de vivre paisiblement une situation « normalement » sans danger.
Pourtant, de nombreuses personnes de mon entourage et les quelques thérapeutes avec qui j’ai pu discuter de cela m’ont dit qu’il fallait plutôt voir ça comme un don.
Un don de pouvoir vivre les différents degrés du spectre des émotions « pleinement », de parvenir à jauger une situation par les émotions plus que par le pragmatisme.
Une fois domptée, l’anxiété ouvre les portes des « sensations », elle permet de développer un quotient émotionnel à un niveau élevé. A joindre le pouvoir de ses fortes émotions à son intelligence pour comprendre les situations dans lesquelles nous allons être confrontées dans la vie : vie sentimentale, vie professionnelle etc
Toutefois, l’anxiété est une drôle de dame et n’hésite pas à revenir frapper à notre porte lorsque les émotions sont devenues trop fortes, incontrôlables. C’est ce que je vis en ce moment dans l’avion.
Alors, je crois intimement que nous avons tous une anxiété qui sommeille en nous, chacun a différents niveaux. C’est elle qui nous donne notre degré d’agilité émotionnelle, c’est elle qui nous impose des phobies mais également qui nous offre ces coups d’éclats, ces shots d’adrénaline, les émotions fortes.
Une fois de plus, il n’y ni bon ni mauvaise sensibilité. Je pense simplement que chacun doit s’efforcer de travailler sur la sienne pour essayer de la comprendre, de l’écouter, de la maîtriser et surtout de l’adapter au monde qui nous entoure.
Et cela que l’on ressente ou non de l’anxiété.
L’anxiété fonctionne comme une soupape, plus nous réussissons à la comprendre, plus nous parvenons à contrôler nos émotions.
Cependant, vivre des moments d’anxiété n’est pas un drame. Ton corps, ton cerveau, cherche juste à te faire comprendre que tes émotions ont besoin d’être extériorisées.
C’est ton lâcher prise qui te donnera les clés de pouvoir maîtriser tes émotions.
La preuve, me voila beaucoup plus zen après avoir écrit ces quelques mots.
Bon vol à tous.
Vincent
Espère que tu seras moins anxieux au retour. Bises
Tu es un pleutre zen.