Depuis quelques semaines, j’ai l’impression que la rédaction de ma newsletter me demande de plus en plus d'efforts, j’ai le sentiment de devoir forcer mon écriture.
Peut-être par manque d’envie, par manque d’inspiration, mais surtout je pense à cause de l’impression d’être en train de piétiner, de répéter sans cesse mes réflexions au quotidien sans pour autant avoir la sensation de “faire avancer le schmilblick” si vous me permettez l’expression ! En bref, je me fais souffrance chaque semaine pour essayer de délivrer un travail pertinent et de qualité, même si pour l’instant je ne sais pas où cela va me mener.
Hier, j’ai couru le marathon de Paris. Pour la première fois, devant moi, se dressait la gigantesque distance de 42 kilomètres que je n’avais jamais osé réaliser auparavant. Certainement par peur, par crainte, par angoisse et par manque de courage.
Et pourtant, je peux vous assurer que j’ai piétiné un sacré nombre de kilomètres ! J’ai roulé ma bosse de coureur à pied depuis maintenant plus de 10 ans avec une régularité de 3 à 4 footings par semaine. Je me souviens même de mes débuts où je prenais ma voiture pour me garer sereinement sur une zone de plat afin de pouvoir faire mes 3 ou 4 kilomètres sans risquer l’asphyxie !
Je me souviens également avoir passé les paliers pour aller toujours plus loin, augmenter le nombre de kilomètres, puis finalement profiter de n’importe quelle occasion pour enfiler mes chaussures et partir faire mon footing quotidien avec plaisir et sérénité.
En quelque sorte, courir est devenu une routine pour moi, une sorte de rituel obligatoire devenu inhérent à ma vie, un moyen de faire mon introspection, de réfléchir et de vider mes tensions, un peu comme le brossage de dents !
Mettre en place une routine n’est pas une chose facile, faire mécaniquement quelque chose qui ne l’ait pas naturellement demande une mise en place rigoureuse et contraignante. Néanmoins, une fois celle-ci en place, adieu les contraintes et bonjour la satisfaction d’être parvenu à faire d’une mission, une passion.
Je crois enfin comprendre pourquoi mon rapport à l’écriture aujourd’hui est compliqué, j’en suis au stade du 3 kilomètres sur le plat ..! Celui pour lequel je dois prendre ma voiture et casser mon quotidien pour me mettre en danger, respecter les contraintes, mettre en place ma routine d’écriture et la faire évoluer à l’instar de ce que je suis parvenu à faire avec la course à pied.
L’un de mes livres préférés s’intitule l’autoportrait de l’auteur en coureur de fond d’Haruki Murakami, je pense l’avoir lu une bonne dizaine de fois. Le célèbre auteur japonais de fiction y dresse son autoportrait, en réalisant un parallèle entre la découverte de sa passion pour la course à pied et son rapport à l’écriture de ses œuvres.
Murakami nous explique comment sa routine de course à pied est devenu pour lui un moteur essentiel pour son écriture. Il y décrit comment ces deux activités lui ont permis de créer des routines, comment sa “pompe à dopamine” a fait de lui un écrivain à succès. Surtout, il explique à quel point ces routines ont été difficiles et douloureuses à mettre en place mais ont fait de lui un auteur de livres à renommée mondiale d’un côté mais également un coureur d'ultra marathon de l’autre. Ce qui m'impressionnera toujours, c’est que Murakami n’a commencé ces deux activités qu’à seulement 30 ans !
Je me souviens du déclic qu’a eu l’auteur lorsque il a réalisé son premier ultra-marathon, sa vision de la course à pied a changé mais surtout sa vision d’Homme a également été complètement bouleversée. Il s’est prouvé qu’il pouvait passer un pallier dans la pratique de son sport, que sa routine pouvait être “cassée” pour aller plus loin, il a laissé sa volonté prendre le dessus sur son contrôle. Cela s’est ressenti sur son écriture et son travail, puisque la qualité de ses livres n’a cessé d’augmenter au rythme des kilomètres qu’il a dévalé en courant.
Évidemment, je n’ai rien en comparaison avec Murakami et je n’ai pas couru ce marathon pour écrire des romans à succès.
Cependant, courir ce marathon m’a permis d’explorer une partie de moi que je ne connaissais pas, de faire appel à des ressources insoupçonnées qui m’ont permis d’aller au-delà de ce que je pensais être mes limites, d’avoir franchi une étape dans ma vie. Tout comme Murakami, je suis convaincu que cela aura un impact sur mes autres passions, notamment sur l’écriture.
Oser affronter ses challenges, ce n’est pas casser sa routine bien au contraire, c’est réussir à faire évoluer la perception de son travail, de sa passion, de ses croyances, afin de franchir un cap pour se donner une nouvelle vision de ce qui nous attend dans notre futur.
Trouver ton marathon, c’est faire le tour de tes routines pour chercher la prochaine montagne que tu vas gravir afin de préparer le reste de ton ascension.
Devenir marathonien, c’est aller titiller ton plafond de verre pour le briser en mille morceaux, c’est le laissez-passer vers l’inconnu, c’est avoir la sensation que plus rien n’est impossible.
En route pour ton prochain challenge !
A la semaine prochaine 😎
Vincent
Marathonien
Doublement bravo Vinch : pour Marathon et l'effort qu'il représente avant et pendant, et pour ton papier plein de sensibilité. McDens
bravo pour ces efforts qui vont dans la bonne direction !