Je n’ai fait que 7 likes sur mon dernier post LinkedIn.
Je n’ai pas gagné d’abonnés depuis 2 semaines.
J’ai 32 ans, je ne suis ni manager, ni écrivain, ni célèbre, ni riche.
Je suis nul.
J’ai regardé le mois dernier deux séries documentaires qui m’ont fait réfléchir.
D’une part, j’ai regardé la série “The dropout” qui raconte l’histoire d’Elizabeth Holmes, célèbre ex-PDG arnaqueuse de l’entreprise Theranos. Elizabeth avait promis de révolutionner l’industrie médicale car elle affirmait avoir inventé un système d’analyse sanguine sur-efficace permettant d’obtenir les mêmes résultats sanguins qu’un bilan sanguin complet avec juste une seule goutte de sang du patient.
Elle a attiré des investisseurs, vécu pendant presque 10 ans dans son rêve de CEO à succès avec une entreprise “facebookienne” et une vie faite de strass et de paillettes.
Finalement, Elizabeth Holmes a menti à tout le monde, son procédé ne fonctionnait pas et elle cachait au monde entier qu’elle utilisait des machines d’un concurrent qui donnait qui plus est des résultats erronés.
Elle est à présent en prison pour 12 ans, son rêve s’est envolé.
Elle est nulle.
D’autre part, j’ai regardé la série “The playlist” qui nous conte l’histoire de Daniel Ek, célèbre PDG de Spotify. Daniel est ce qu’on appelle un autodidacte, la création de son entreprise ne s’est pas faite sans sueurs et sans douleurs mais il est cependant aujourd’hui à la tête de la plus prolifique entreprise jamais créée en Suède. Qui plus est, son entreprise est le leader du nouveau marché mondial de la musique, avec près de 50% des parts de marché dans le monde. Cependant, il a dû, pour accéder à son rêve, vendre 80% des parts de son entreprise aux maisons de disque, les mêmes qu’il avait promis de combattre lorsqu’il a commencé…
Il est à présent poursuivi par de nombreux artistes pour abus de position dominante.
Il est nul.
Pendant tous ces épisodes, j’ai aimé ces deux personnages autant que je les ai détestés.
J’ai partagé leurs joies, leurs peines, leurs difficultés.
J’ai compris la difficile ambiguïté entre être bon et être nul, j’ai exploré la fragile frontière entre l’ombre et la lumière.
Elizabeth Holmes et Daniel Ek sont deux brillantes personnes qui sont allées au bout de leur rêve, ils ont, tout comme toi et moi, essayé de faire le mieux de ce qu’ils pouvaient pour aller “le plus loin possible.”
Finalement, ils ont connu le même destin, ils ont fini par mettre le doigt dans un engrenage bien trop grand pour eux, ils ont perdu leur rêve en chemin.
Et pourtant, dans les deux cas, ils ne regrettent rien.
Si vous interrogez ces deux personnes, l’un vous dira que c’est l’industrie médicale qui n’était pas prête, l’autre vous dira que sans lui, le monde de la musique n’existerait plus.
Ils sont nuls, mais eux, ne le pensent pas.
Il est impossible lorsque nous vivons notre vie de savoir si ce que l’on fait est bon ou mauvais.
Nous suivons juste nos rêves et nos intuitions en essayant plus ou moins de garder le cap des idéaux que l’on s’est fixé, notre raison d’être.
Et nous avons tous certainement une part d’Elizabeth Holmes et de Daniel Ek en nous, nous nous battrons pour nos idées et nos croyances pour tenter, parfois quoiqu’il en coûte, de devenir le héros de notre histoire.
Le plus important, n’est peut-être pas de savoir si nous sommes nuls ou bons.
C’est de finir le dernier chapitre de sa vie en se disant que finalement, l’histoire, elle, était bonne.
A bientôt,
Vincent
“Mieux vaut-il vivre comme un monstre ou mourir en homme de bien ?”
Martin Scorsese, Shutter Island